Ce livre est le
fruit de la rencontre de deux personnes au sein d'une école primaire : une
maman d'élève professionnelle de l'Analyse Transactionnelle et un directeur d'école
qui ont souhaité élargir leur champ de compétences, miser sur leurs expériences
propres pour mener un projet innovant dans le champ de l'autorité, la gestion
des conflits, les règles, les émotions tout en misant sur l'intelligence
collective. Développer l'épanouissement de chacun dans le champ de la non
violence. Ce livre associe théorie et pratique, définitions et exemples,
recherche universitaire et terrain d'expérimentation…
Une passion
d'espérance pour changer l'école, son regard, développer la confiance des
enfants dès le plus jeune age. A l'école, c'est possible !
Quelques pages au fil du livre
Je suis heureuse
de préfacer cet ouvrage, les auteurs y développent une thématique chère à mon
cœur, le développement des intelligences émotionnelle et relationnelle. On le
sait désormais, le QE est tout aussi déterminant que le QI, sinon plus, de la
réussite future de nos enfants. Il est temps d’en prendre la mesure et de
mettre en place des enseignements nourrissant ces deux intelligences pour que
les apprentissages scolaires traditionnels soient facilités et que nous puissions
de nouveau être fiers de notre école.
Isabelle
FILLIOZAT
…
L'enjeu et l’opportunité d'agir dès l'école primaire
L’ambition d’une
culture de la médiation et de la coopération se situe au-delà de la réduction des
symptômes : elle est une éducation à la relation et à la vie dans une
société exigeante et complexe. « La médiation scolaire offre à la fois une
méthode de discipline alternative aux méthodes traditionnelles et une éducation
à la citoyenneté, voire même à la paix4…»
L’école primaire
est une structure privilégiée pour cet apprentissage parce qu’elle est un lieu
unique où se « croisent » professionnels, parents et enfants dans un
« espace temps » facilitant. Parce qu’il existe peu d’autres « lieux
de vie » institutionnels qui permettent, au quotidien et sur une durée de
plusieurs années, de confronter les besoins conflictuels de l’institution et de
ses usagers, lesquels sont de générations et de milieux différents, afin de
construire ensemble.
Dès le collège,
les conditions sont moins favorables à une action collective. L’énergie des
adolescents est davantage tournée vers l’extérieur, les contacts des parents
avec l’institution sont moins fréquents, la pression des
« résultats » scolaires est plus forte sur tous.
Profitons de ces
années d’école, elles sont bien le moment de poser les bases pour
apprendre !
...
- "Voilà, il
faudrait s’organiser pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui aient le
terrain aux récréations, et pour que nous, les filles, on ait aussi le ballon
régulièrement.
- Et il faudrait que les médiateurs fassent respecter le
planning !
- Quand il y a des
embrouilles, il faut discuter plutôt, parce qu’il y en a qui savent pas comment
s’arrêter !
- Il faudrait des médiateurs pour aider les enfants qui se
bagarrent !"
…
La première
session de formation des enfants a fait émerger le besoin de travailler avec
eux, mais également avec les adultes de l’école, sur le rapport aux règles et
sur l’expression des émotions.
Les conventions,
textes élaborés par les organes officiels internationaux, les lois votées au
parlement français, les instructions officielles du ministère de l’Education
nationale ne suffisent pas à structurer l’ensemble des espaces de liberté d’une
organisation réunissant autant de personnes différentes sous un même toit. De
nombreuses zones d'ombre régnaient sans que quiconque le sache si ce n'étaient
les principaux utilisateurs de l'école. Chaque détenteur d'une parcelle
d'autorité à l'école, directeur, enseignant, surveillant, secrétaire… posait
ses propres règles. L'un acceptait que les enfants remontent en classe, l'autre
laissait des parents interpeller d'autres enfants sur la cour, d'autres encore
acceptaient les chewing-gums … Les exemples sont légions. Mais comment les
enfants pouvaient-ils s'y retrouver sans un règlement intérieur explicite et
très précis ?
Alors que tous les
textes de l’institution sont pensés et mis en œuvre dans une logique verticale
descendante, imposée « d’en haut », le projet a permis d’élaborer le
règlement intérieur dans une logique horizontale, sur un mode participatif de
tous les utilisateurs pour favoriser une plus grande implication de chacun. Il
précise les espaces de liberté, les devoirs de tous les membres de la
communauté éducative ainsi que ses droits, les tenues, les exigences dans la
parole, le rôle de chacun à l’école, les relations… Nous avons été attentifs à
conduire cette réflexion dans un processus participatif entre les différents
partenaires, de façon à créer du lien entre les personnes et de la cohérence
dans les idées.
…
L'exemple
d'un papa en colère
« Quand on se
trouve dans un conflit frontal, il est important de donner à l’autre une
possibilité de s’en sortir sans perdre la face10»
Un papa d’élève
très en colère car son enfant lui avait rapporté un événement qui ne lui avait
pas plu, interpelle de manière brusque et agressive la surveillante des études
du soir, jeune étudiante très déstabilisée par cette attitude. Le lendemain, le
directeur invite cet adulte dans son bureau, lui nomme les événements tels
qu’ils lui étaient revenus, demande à la personne si la version transmise est
acceptable, nomme clairement la blessure de la surveillante et rappelle un des articles du règlement qui stipule :
- Un parent qui souhaite interpeller
un enseignant le fait dans la discrétion. (En classe ou dans un bureau)
Le tiers texte
permet de rappeler la règle au nom du « bien vivre ensemble ». La personne
concernée a reconnu s’être emportée et regretter ses paroles et leur effet sur
la surveillante. Il lui a offert ses excuses et une boîte de chocolats. Le
directeur était également plus à l’aise pour parler, en s’appuyant
explicitement sur ses responsabilités dont l’une est de faire appliquer le règlement
intérieur.
…
Les
étapes essentielles d'une médiation scolaire
« Des enfants
se battent sur la cour, les surveillants adultes n’ont rien vu ; des
enfants jouent avec les robinets d’eau dans les toilettes et inondent ces
toilettes, les surveillants ne les voient pas. Deux enfants jouent au football
sous le préau au risque de blesser d’autres enfants ou de casser une vitre, un
enfant triche souvent à un jeu et empêche l’ensemble de s’amuser… »
Comment
agir ? Que dire ? … Laisser faire ? Se taire ? Rapporter
l’information au risque de représailles de la part des pairs ? Il n’est ni
simple ni évident pour des enfants responsables de savoir agir positivement et
à bon escient en vue d’une réelle efficacité. Un enfant médiateur a comme
responsabilité de rappeler les règles, de proposer sa compétence, d’aider à la
résolution d’un conflit, de rapporter de l’infor-mation aux surveillants
adultes s’il juge qu’il y a danger.
Nous proposons de
reprendre ci-après les différents points découverts en formation qui se placent en rupture complète avec le fonc-tionnement
antérieur, à la fois dans la manière de gérer un conflit mais également dans le
rapport aux règles et à leur transgression
Consignes de parole
F Chacun parle l’un après l’autre
F On ne se coupe pas la parole
F On s’exprime dans le calme et
la bienveillance
F On ne parle pas sur l’autre,
on parle de soi
F Les phrases commencent par
« je »
F Ce qui se traite en médiation
est confidentiel
F Le ressenti personnel de
l’autre ne se conteste pas
…
Devant
un conflit entre enfants sous forme de coups ou d'insultes
F Donner
du temps, de la respiration pour que chaque enfant puisse s’apaiser
progressivement, les séparer et les isoler éventuellement pour qu’ils se
reposent.
F Proposer
d’abord un règlement du conflit entre eux avec l’aide de médiateurs enfants.
F Pour
le médiateur, il s’agit de rappeler la règle qui a été transgressée et son
sens, d’indiquer pourquoi cette règle protège. Dans ce cas précis de bagarre,
la règle évite de se faire mal ou qu’une personne nous fasse mal, que le mal
que nous souhaitons faire à l’autre soit disproportionné et que les effets
soient irréversibles. Autre aspect à mettre en avant : taper l’autre n’apaise pas sa propre colère, éventuellement
elle l’accentue et ajoute d’autres sentiments comme la culpabilité, le remord,
le regret et la vengeance.
F S’exprimer
avec une voix et un visage doux mais fermes, faire des gestes qui apaisent,
adopter une posture bienveillante qui porte attention à ce qui s’est passé. Le
regard, la parole, l’espace peuvent apaiser mais le geste aussi : une main
posée sur l’épaule ou le bras peuvent y aider.
F Ne
pas chercher à savoir qui a commencé. On pourra toujours remonter à un fait
antérieur qui justifie la bagarre or rien ne justifie une bagarre, donc en
connaître la cause n’apporte pas d’éléments de résolution au conflit.
F Ne
pas questionner sur les causes de la bagarre. Rien n’autorise et ne justifie
une bagarre.
F Rappeler
la légitimité, le droit, le rôle de l’émotion ressentie : colère, peur, …
C’est le passage à l’acte de cette émotion qui n’est pas acceptable.
F Rappeler
que le médiateur, qu’il soit adulte ou enfant, ne cherche pas à ce que les
enfants qui viennent de se bagarrer fassent la paix ou redeviennent amis. Cette
décision leur appartient.
F Chercher
avec les enfants qui n’ont pas su exprimer leur émotion dans le cadre proposé
comment ils pourront faire une autre fois, leur laisser du temps de réflexion.
F Proposer
une autre rencontre différée dans le temps pour trouver d’autres pistes
d’expression des émotions que la bagarre.
F Garantir
et donc exercer sa vigilance pour que les enfants puissent évoluer sans risque
quand ils se retrouvent de nouveau seuls. Si tel n’est pas le cas, les isoler
en leur expliquant pourquoi. (Fonction de protection vis-à-vis d’eux-mêmes et
des autres)
…
« Quatre
enfants de 10 ans qui se connaissent depuis longtemps et sont plutôt amis
arrivent ans mon bureau tous en larmes, amenés par le surveillant du temps de
midi. J’arrive à peu près à comprendre qu’une dispute s’est déclarée sur le
terrain de football entre deux des enfants, qu’un troisième est arrivé car il
ne supportait pas que ses copains s’insultent et le quatrième est arrivé,
pensant qu’il y avait injustice. Une bagarre a éclaté, l’un des enfants a tapé
sur le mur pour ne pas se battre et s’est fait mal à la main, un autre a des
cheveux en moins… Bref, c’est la « méga embrouille ».
Je leur ai d’abord
laissé le temps de reposer toutes ces émotions exacerbées par les liens
d’amitié qui les unissent. Chacun à leur tour, ils ont eu la parole pour
expliquer leur version de l’histoire ainsi que leurs ressentis : colère,
injustice, douleur physique, incompréhension, peine, regrets, culpabilité…
Je leur ai proposé
de se revoir à la récréation suivante en leur interdisant de s’approcher, de se
chercher du regard afin de ne pas risquer d’envenimer les choses et de
réfléchir à cette histoire.
Quelle ne fut pas
ma surprise lorsque je les vis arriver dans mon bureau une heure plus tard,
calmés, souriants. Ils me dirent qu’ils avaient pu se parler et que tout allait
bien. Je leur proposais de réfléchir à ce qu’ils avaient appris de cette
situation et de comment ils auraient pu faire autrement. Je fus très
agréablement surpris d’entendre que l’un des enfants demandait de réaliser la
recherche ensemble, ce que j’acceptai bien volontiers. Ils purent ainsi nommer
que les émotions étaient plus fortes entre amis, qu’ils avaient oublié de se
demander si cela valait la peine de passer autant d’énergie pour une partie de
football, que cela faisait plus mal entre amis de se disputer mais aussi qu’ils
avaient plus envie de se réconcilier et qu’ils se sentaient encore plus
proches. Ces enfants étaient médiateurs de formation, donc habitués à
gérer des conflits de cette manière.»
Un ou
plusieurs enfants battent un ou plusieurs enfants
- Séparer rapidement les combattants afin qu’ils ne se fassent pas mal.
- Isoler les enfants agresseurs afin de leur donner du temps pour s’apaiser et
leur demander de réfléchir.
- Vérifier que l’enfant agressé est en bonne santé et le laisser se reposer.
- Appeler les enfants et leur demander ce qui s’est passé. Chacun écoute la
version de l’autre sans l’interrompre.
- Demander aux agresseurs pourquoi il est interdit de frapper un enfant seul ou
en bande. Demander la même chose à l’enfant agressé.
- Demander comment ils auraient pu faire autrement pour exprimer leur
désaccord.
- Demander de quoi l’enfant agressé a-t-il besoin pour être réparé ou comment
les autres peuvent-ils réparer.
Comment
faire devant un vol ?
- Ne pas culpabiliser et juger la personne avec des réflexions du type :
« Tu es un voleur ! » Distinguer l’acte de la personne,
« Tu as commis un acte qu’on appelle un vol », repréciser que c’est
ce qu’il a fait qui est répréhensible, pas lui.
- Faire réfléchir sur le sens de cette règle qui interdit de prendre les affaires
qui ne sont pas à soi sans l’autorisation du propriétaire.
- Demander en quoi cette règle est intéressante à appliquer pour lui personnel-lement.
- Demander comment il aurait pu faire autrement pour exprimer et éventuellement
satisfaire ou différer son besoin.
- Demander comment il peut réparer vis-à-vis du camarade lésé.
…
Une
dispute entre enfants où chacun pleure et se plaint de l'autre
- Leur donner un temps pour se calmer et réfléchir à ce qui s’est passé.
- Une fois calmés, leur permettre de s’écouter et d’écouter ce qu’ils ont
ressenti.
- Faire émerger les écarts entre les intentions et la réalité. « Je ne
souhaitais pas te blesser lorsque j’ai dit cela ».
- Faire verbaliser ces mots qui peuvent réparer pour éclairer les intentions de
chacun.
- Demander de quoi ils ont besoin pour se sentir bien.
Un ou
des enfants ont détérioré un matériel collectif
- Vérifier qu’ils connaissaient bien la règle transgressée.
- Les isoler pour un temps de réflexion sur les actes posés.
- Nommer les ressentis de chacun, des enfants comme du ou des adulte(s) chargés
du respect des règles. « Quand tu fais cela, voilà ce que je ressens et
comment j’interprète ce que tu as fait. »
- Nommer ensemble les conséquences de cette transgression. L’adulte propose une
réparation directe : l’enfant répare ce qu’il a détérioré, ou
indirecte : « Tu as abîmé le mur de la cour, je te demande de fleurir
ce massif. Pendant ce temps, l’homme d’entretien réparera ce que tu as
détérioré. » Proposer un enrichissement supplémentaire ou autre.
Un
enfant détériore l’objet d’autrui
- Vérifier avec lui ses véritables intentions : casser, emprunter, jouer...
- Demander à l’enfant qui a subi un préjudice ce qu’il ressent, quelle valeur
avait pour lui cet objet.
- Lui demander comment il aurait pu faire autrement.
- Lui rappeler l’obligation de demander lorsqu’on prend quelque chose. Rappeler
en quoi cette règle « Je ne touche pas les affaires des autres sans leur
autorisation. » est intéressante pour lui.
- Demander à l’autre ce qu’il attend de la situation : échange, rachat, un
engagement de demander la prochaine fois, rien …
- Demander au transgresseur d’avoir son matériel, vérifier avec lui et
éventuellement l’aider à l’avoir.
…
« Pierre
s’est mis très en colère durant la classe parce qu’en jouant on lui avait
déchiré son sac en papier d’une grande marque de jouets. Après lui avoir permis
d’exprimer son ressenti de manière acceptable, les autres enfants, des filles,
ont compris que ce simple sac avait une valeur sentimentale forte. Pour la
deuxième fois de sa vie, sa demi-sœur l’avait accompagné pour faire des courses
et lui avait donné ce joli sac qu’il s’était fait une joie d’apporter en
classe. Il a accepté l’idée que ses camarades n’avaient pas eu l’intention
de l’abîmer, qu’elles comprenaient sa colère et sa peine et proposaient
spontanément de s’excuser en demandant pardon. Pierre souhaitait être toujours
ami avec ses camarades. Il dit qu’il aurait pu nommer la valeur sentimentale de
son sac, mais qu’il avait eu peur que les autres se moquent de lui. Elles le
rassurèrent et lui dirent qu’elles étaient, elles aussi, attachées à des choses
qui n’avaient qu’une valeur sentimentale. Le directeur nomma également que cet
attachement sentimental n’était pas réservé aux seuls enfants et que lui aussi,
était attaché à des petites choses».
…
Confiance et image positive : une
disponibilité pour apprendre
Favoriser une
éducation non violente a pour objet prioritaire de faire émerger un autre type
d’hommes, de contribuer à une société plus tolérante, plus harmonieuse, plus
responsable et acceptant mieux les différences. La majorité des gens disent
adhérer à ces valeurs mais les préoccupations prioritaires des parents et
éducateurs ne sont peut-être pas là.
Comment mon enfant
va-t-il aborder le collège ? Comment s’intègrera-t-il ? Aura-t-il le
niveau ? Aura-t-il de bonnes notes ? Saura-t-il se débrouiller dans
cette jungle ? C’est bien beau de l’élever dans du coton, mais en
sixième ? Et dans la vie active, comment va-t-il se débrouiller ? Et
toutes ces questions et interrogations sont bien légitimes.
Une éducation non
violente doit aussi préparer l’enfant au monde de demain et lui donner les
moyens de pouvoir y évoluer avec harmonie et efficacité. Elle doit également le
préparer à faire évoluer ce monde dans lequel il va vivre. Mais sur quoi
s’appuie-t-on pour affirmer que cela marche ?
L’exemple
ci-dessous aurait pu illustrer d’autres chapitres. Nous l’avons placé à cet
endroit pour montrer comment un conflit, géré de manière satisfaisante pour les
protagonistes, préserve leur image positive, leur disponibilité pour apprendre
et la responsabilité de leurs actes.
« Mehdi est
en crise en classe, il veut frapper l’un de ses camarades. L’enseignante a des
difficultés à le contenir. C’est un costaud. Un enfant vient chercher le
directeur dans son bureau. Dans une logique traditionnelle, Mehdi se serait
fait gronder puis punir car « ça ne se fait pas » de piquer une crise
en classe et de désobéir à la maîtresse. Il aurait baissé la tête. Après avoir
pleuré de colère, il aurait peut-être pleuré d’humiliation et d’injustice.
Comment faire autrement ?
Il est venu dans
le bureau du directeur, lieu calme et nous lui avons laissé du temps pour
s'apaiser. Il a réussi à parler entre deux sanglots parce qu’ « il en
avait gros ». Il a raconté que Pierre venait de lui mettre trois claques
de suite et il a reconnu que cela l’avait rendu fou et qu’il n’était plus
parvenu à se contrôler. On aurait pu à moins. Pierre est venu dans le bureau et
a expliqué qu’une autre enfant lui avait dit que Mehdi avait traité sa mère de
« p… » ce que Mehdi niait avec véhémence. L’enfant incriminée
est arrivée à son tour et a reconnu qu’elle avait inventé l’histoire pour
s’amuser. Connaissant alors la totalité du scénario, nous avons mieux compris
l’injustice dont Mehdi se sentait victime et qui l’avait mis hors de lui. Nous avons
ainsi pu « faire prendre conscience » des conséquences d’une histoire
racontée pour rire, de la nécessité de
vérifier les propos rapportés et une nouvelle fois de l’intérêt de savoir
comment exprimer sa colère de manière acceptable et efficace. Ayant tenu les
propos suivants : « Moi, je sais que c’est une insulte que je n’aime
pas. On n’a pas le droit d’insulter les parents. » Mehdi regretta de
s’être emporté avec la maîtresse qui comprit la situation. Tout le monde put
demander et obtenir réparation. La classe pouvait se poursuivre et les enfants
apprendre.
Gérer les conflits au service des apprentissages… »